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Résistance

Résistance est un collectif de membres du Parti communiste français (fédération du Nord, section de Lille).

Mais où habite donc Thierry Lepaon ?

Publié le 15 Novembre 2014 par Résistance

Marx et ça repart !Il y a un peu moins d’un mois, une grande journée d’action a marqué la vie de ce pays. Vous l’avez oubliée ? Vous êtes excusable : la grève interprofessionnelle et les manifestations pour la défens de la Sécurité sociale, à l’appel de la CGT, n’ont absolument pas désorganisé la production, et la mobilisation a été tellement modeste que la centrale syndicale elle-même est restée très discrète sur les chiffres…

Étranges défaites

Si Thierry Lepaon est actuellement dans le collimateur des médias, c’est pour le péché véniel des frais de rénovation de son appartement parisien et nullement pour la passivité de la confédération qu’il dirige. Aucune grande grève sous Hollande, malgré une série de cadeaux indécents au Medef, et une soumission servile aux diktats de Bruxelles et Berlin qui imposent l’austérité à vie sur le continent.

Une fois de plus, on ne gêne pas le PS au pouvoir. Mais le mal est plus profond : la CGT a certes lutté davantage sous la droite officielle, mais elle a toujours perdu… et toutes ses défaites étaient programmées. En quoi une journée de grève et de manifestations gêne-t-elle le capital ? Directement, en rien. Ce qui inquiète le grand patronat, c’est le danger d’une grève illimitée, c’est-à-dire la seule action qui touche son unique organe sensible : le portefeuille. L’action ponctuelle n’a donc de poids que si elle est assortie d’un avertissement clair : « Aujourd’hui, nous sommes dans la rue. Si vous ne nous entendez pas, la prochaine grève sera beaucoup plus dure. »

Les dirigeants des confédérations syndicales le savent parfaitement, et ceux de CGT mieux que tous. La dernière grande lutte progressiste victorieuse en France a été celle du Contrat Première Embauche. Et si Villepin a dû reculer, c’est bien parce que les lycéens qui la menaient n’obéissaient pas aux consignes des responsables syndicaux : ils sont entrés en grève illimitée, et n’ont cessé le mouvement qu’avec la victoire. La dernière grande lutte syndicale victorieuse en France fut celle de 1995, dirigée par la CGT des transports ferroviaires (SNCF et RATP) : là encore, grève générale interprofessionnelle jusqu’au retrait du plan Juppé de casse de la Sécu. Rien à voir avec la pitoyable journée du 16 octobre !

Depuis, nous assistons au même spectacle affligeant : la CGT, seule ou avec d’autres, programme une « journée d’action » de temps en temps. Quand la colère du monde du travail est à son comble, la cadence s’accélère : plusieurs journées en 2003 et 2010 pour les retraites, par exemple. Mais plus jamais de mot d’ordre de grève interprofessionnelle illimitée. Pourquoi ?

Déraillement historique

En décembre 1995, juste après la victoire contre le plan Juppé, la direction confédérale de la CGT demandait l’adhésion de la centrale à la Confédération européenne des syndicats (CES). La CFDT fut la première centrale française à en faire partie (c’est tout dire !) suivie de FO.  Mais on n’entre pas à la CES sans montrer patte blanche : pour être acceptée, la CGT dut « toiletter » ses statuts. L’objectif de l’abolition du salariat et de l’exploitation capitaliste (un des fondamentaux du marxisme) en disparut purement et simplement ! En 1999, la CGT put quitter la Fédération syndicale mondiale et rejoindre la CFDT (qui venait de se signaler en trahissant grossièrement le prolétariat lors de la grande lutte de 1995) au sein de la CES. Elle devenait enfin une de ces  « forces de proposition » qu’apprécient tant le Medef et ses « éditorialistes »…

Que fait donc la CES ? Au printemps 2003, alors que plusieurs pays d’Europe étaient en ébullition suite à une série de plans de casse des retraites (l’Autriche elle-même connut une grève générale : du jamais vu dans ce pays !), la CES tenait congrès et accueillait triomphalement un certain Valéry Giscard d’Estaing, qui lui présentait son projet de Traité Constitutionnel Européen (celui-là même qui serait piteusement blackboulé par le peuple français lors du référendum de 2005) ! Son rôle n’est pas de fédérer les luttes en Europe, bien au contraire : elle fonctionne grâce aux subventions de l’Union Européenne !

Une ou deux fois par an, la CES organise une manifestation de permanents (jamais de grève !), la plupart du temps à Bruxelles, pour demander une « Europe plus sociale ». À la fin de cette manifestation, un dirigeant prend la parole pour dire en substance : « si nous ne sommes pas entendus, nous recommencerons. » Et devinez quoi ? La manifestation n’a aucun impact, et une autre « journée d’action européenne » du même tonneau est décidée six mois ou un an après. Pendant ce temps, le grand patronat européen tremble !

Réorienter l’Europe ? Changer la CES ?

La CGT, de par la volonté de ses dirigeants, s’est donc coulée dans le moule de la CES : jamais elle ne dénonce l’intégration européenne. Elle se contente de réclamer une « Europe sociale » dont la simple lecture du traité de Maastricht montre qu’elle est une vaste blague. Jamais plus elle n’organise de grève générale illimitée : seulement des « journées d’action » au soir desquelles le patronat sait qu’elle ramènera sagement ses militants au bercail.

Voilà pourquoi toutes les luttes nationales progressistes, à l’exception du mouvement des jeunes contre le CPE, ont été perdantes depuis près de vingt ans : le plus puissant syndicat de la classe ouvrière est piloté en sous-main par des eurocrates. Quand la CGT a demandé à entrer dans la CES, ses dirigeants ont vendu le processus à la base en expliquant qu’ils allaient changer la CES de l’intérieur. On voit ce qu’il en est en réalité…

Franz Lieber

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L
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> j'ai reçu un courriel de votre part, mais je ne peux y souscrire étant de droite nationale, même si je suis d'accord sur certains points (pipeau du réchauffement climatique, etc.) par ailleurs,<br /> prenez l'ampleur des ravages des CHEMTRAILS, qui eux, sont bien réels. Observez le ciel !<br />
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F
<br /> je suis choquée par cet article qui ne tient guère compte du rapport de force et de la résignation de beaucoup après les multiples trahisons du PS. les cheminots ont mené récemment une grève<br /> dure, ils ont été vilipendés par les médias et ils n'ont rien gagné.<br /> <br /> <br /> la mobilisation ne se décrète pas et serait d'autant plus forte s'il y avait une alternative politique de gauche crédible. ne perdons pas de temps et d'énergie à nous battre entre nous et à<br /> accuser le seul syndicat représentatif qui défend réellement les travailleurs de se coucher devant le patronat. c'était ma première visite sur ce blog, je ne suis pas sûre d'y revenir.<br />
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P
<br /> que sont devenu les millions du scandale UIM  ?<br /> <br /> <br /> payés cash pour " liquifier " les relations sociales<br /> <br /> <br /> c-à-d payés cash à tous les syndicats en France <br /> <br /> <br /> et à certains organes de la presse à Gauche ? <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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J
<br /> La CGT c'est d'abord ceux qui dans les entreprises luttent pour la défense de tout le salariat. Je suis bien d'accord que les mobilisations ne se décrêtent pas d'en haut. Mais ne jetons pas la<br /> pierre à ceux qui réagissent et qui tentent d'organiser l'action. La question n'est pas seulement celle du pouvoir socialiste (même si elle existe car la théorie du moindre mal prévaut aussi dans<br /> les organisations syndicales malheureusement) mais celle du rapport de forces. Les journées d'action auront le maximum de force et de résultats si le rapport de forces dans les entreprises penche<br /> plus du coté du salariat contre les exploiteurs. Il ne sert à rien de tout renvoyer vers la confédération, il faut aussi se poser la question de l'activité syndicale au coeur de l'exploitation.<br /> De même la grève générale illimitée ne se décrête pas. C'est par la poussée du mouvement social (on en reveint toujours au rapport de forces) qu'on arrivera à une convergence nationale des<br /> luttes.<br />
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