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Résistance

Résistance est un collectif de membres du Parti communiste français (fédération du Nord, section de Lille).

Ma grand-mère s’interroge sur la Côte d’Ivoire

Publié le 20 Décembre 2010 par Résistance in Entretiens avec ma grand-mère

Côte d'IvoireA ton avis, qu’est-ce qui se passe en Côte d’Ivoire ? C’est quand même curieux que ce soit Sarkozy qui désigne le vainqueur, non ?

C’est plus que curieux, c’est franchement inconvenant. D’autant plus qu’il semble bien que la désignation de Laurent Gbagbo se soit faite selon la loi ivoirienne. Comme dans beaucoup de pays, c’est en effet au conseil constitutionnel qu’il appartient de proclamer les résultats. Il y a une sombre affaire de participation : à la clôture du scrutin, le taux de participation était de 70 %, et la commission électorale indépendante (à ce que l’on dit, quoique majoritairement composée de membres du RHDP - le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la Paix : l’opposition à Gbagbo !) en trouve quelques jours plus tard 81 % !

Mais là où ça devient franchement louche, c’est quand Obama et Sarkozy prétendent désigner le vainqueur au nom d’une « communauté internationale » qui n’est qu’une communauté de prédateurs, immorale et brutale. Ils sont allés faire pression sur l’Union Africaine pour qu’elle prenne parti pour eux. Mais plusieurs pays d’Afrique n’ont pas marché, comme l’Angola, et, semble-t-il, l’Afrique du Sud. Le Liban, la Chine, la Russie, le Mexique, etc., ont exprimé, à des niveaux divers, des réserves sur la position d’Obama et de Sarkozy.

 

Reconnais que tout ça n’est pas clair ! Qui sont les bons, qui sont les méchants ?

Je ne sais pas bien qui sont les bons, parce que je ne connais pas bien la situation politique en Afrique, mais je sais qui sont les méchants, parce qu’on les connaît bien : quand Obama et Sarkozy choisissent Ouattara, ils le définissent comme étant leur homme, et on peut être sûr qu’il n’est pas du côté du peuple ! D’ailleurs, son CV ne plaide pas en sa faveur : il obtient un doctorat en économie aux Etats-Unis, puis travaille au FMI (dont il fut un directeur adjoint), et il sera gouverneur de la Banque Centraledes États d’Afrique de l’Ouest. C’est certainement sa soumission aux Etats-Unis qui plaît tant à Sarkozy ! Suite à une rébellion armée dans le nord de la Côte d’Ivoire (qui est son fief), il est nommé par Gbagbo premier ministre. Il mène alors la politique du FMI : rigueur pour la population, attaques contre les services publics et opulence pour la finance. D’ailleurs, Wikipédia dit de lui : « par son parcours professionnel au sein de grandes institutions financières, [il] jouit d'une bonne réputation auprès des organisations financières internationales ». C’est tout dire ! Et sa mission en Côte d’Ivoire est claire !

 

Bon, d’accord, mais la démocratie dans tout ça ?

Là, tu me déçois, grand-mère ! D’abord, ces élections, calquées sur le modèle occidental, ont été imposées aux pays africains par l’ancienne puissance coloniale après l’indépendance.

Avant la colonisation, les Africains avaient des modes de résolution des problèmes et de la désignation des dirigeants par de vastes débats. Les colonialistes ont balayé tout ça au motif que ces « palabres » étaient « archaïques » et « tribales ». Mais surtout parce que cela mettait en avant l’intérêt collectif des populations.

Ils préfèrent de très loin « la démocratie » à leur sauce : parce que le processus est manipulable, en amont et en aval. En amont par la désignation des candidats, puis par la  campagne électorale qui sera menée par la presse (et les sondeurs), entièrement tenue dans les mains fermes du capital. Puis en aval, soit en ne tenant pas compte des résultats quand ils ne lui conviennent pas (souviens-toi du référendum de 2005, souviens-toi des élections en Palestine), soit en les contestant (souviens-toi des « révolutions colorées » dans les pays de l’ex-URSS, où la CIA a coordonné l’accession au pouvoir de dirigeants inféodés aux Etats-Unis). On est tout à fait dans cette situation en Côte d’Ivoire.

 

Mais tu crois que Laurent Gbagbo est un bon dirigeant pour ce pays ?

Ça, je n’en sais rien, mais c’est une question qui se pose pour les Ivoiriens, pas pour nous !

 

Doc.

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