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Résistance

Résistance est un collectif de membres du Parti communiste français (fédération du Nord, section de Lille).

La rage enflamme l’Egypte.

Publié le 31 Janvier 2011 par Résistance in Les petits papiers du capitaine Martin

 

Moubarak lâché par l'arméeLes opposants  égyptiens avaient promis un "vendredi de colère» et c’est ce qu’ils ont fait. Toute l'Egypte s’est embrasée par des manifestations populaires. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues du Caire, Suez, Alexandrie et beaucoup d'autres villes après la prière rituelle pour demander un changement, pour dire au président Moubarak, le dictateur égyptien-président, de quitter la scène, afin de permettre la libre expression populaire, matée depuis des années par un état d'urgence permanent.

 

Le scénario était le même que les manifestations tunisiennes et algériennes : les personnes, mobilisées par le biais des réseaux sociaux, ont décidé de donner libre cours à leur colère, provoquant des manifestations de masse. Et comme cela s'est produit ailleurs dans le Maghreb, la police a utilisé la manière forte: des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Tout un arsenal qui n’a pourtant pas pu empêcher la révolte populaire, malgré un nombre conséquent de morts (on parle d’une centaine, sans compter les blessés et les arrestations arbitraires).

 

Le régime a perdu la tête, arrêtant au passage M. Mohamed El Baradei, l'ancien secrétaire général de l'AIEA, devenu aujourd’hui une référence pour l'opposition ; il a été placé par ce qui reste de gouvernement en résidence surveillée afin de l'empêcher de mener les manifestations antigouvernementales au Caire.

 

Pour neutraliser la capacité des gens à s'organiser en temps réel, tous les accès à Internet ont été bloqués à travers l'Égypte et le réseau des téléphones mobiles a été isolé, rendant impossible toute tentative pour passer ou recevoir un appel provenant de téléphone mobile.

 

Dans la nuit avant le «vendredi de colère", des forces de sécurité avait prévu d’arrêter plusieurs membres des Frères musulmans, principal parti d'opposition, lequel a annoncé jeudi le désir de rejoindre le reste de la population après la prière du vendredi. Selon certaines sources, parmi les personnes qui auraient été arrêtées figurereraient cinq anciens députés et cinq membres du bureau politique, dont les deux porte-parole Essam El Erian et Mohammed Mursi.

 

Pendant les manifestations, qui ont augmenté en intensité au cours de la journée du vendredi, la télévision d'Etat lançait des messages rassurants à la population, tout en appelant le peuple à ne pas se laisser abuser par les chaînes satellitaires. Logiquement, l'étape suivante a été la descente de police au siège de l'émetteur du Caire al-Jazira, fermé manu militari. Les journalistes sont en effet dans le collimateur de la police, coupables à ses yeux de répandre à l'étranger une image peu favorable de l’actuel gouvernement. Trois journalistes français ont été arrêtés dans la matinée du vendredi pour être finalement relâchés dans l'après-midi. Un journaliste de la BBC a été blessé dans les affrontements, battu par la police alors qu'il filmait la manifestation, alors que nombre de gardes de sécurité ont saisi et détruit cartes mémoire, photos et vidéos.

 

Néanmoins, certaines unités des forces de l’ordre n’ont  pas suivi aveuglément : dans la capitale Alexandrie, des policiers ont refusé de s’acharner contre la foule et ont rejoint les manifestants, certains enlevant, selon al-Arabiya, leurs uniformes et leurs casques avant de rejoindre les manifestations.

 

D’impressionnants défilés ont essaimé les rues de Mansourah, au nord du Caire, ainsi que celles de Damanhur où, selon les Frères musulmans, il n’y avait pas moins de 500.000 manifestants. L'hôtel de ville et le siège du parti au pouvoir, le Parti démocratique national, y ont été pris d’assaut. D’autres voies de fait ont également été enregistrées sur les symboles du pouvoir politique égyptien au Caire.

 

Dans tout ce chaos, aucune déclaration, au moins jusqu'en début de soirée du vendredi, n’a été faite par le président Moubarak, et il s’est limité à l’instauration du couvre-feu dans la capitale. La foule, cependant, a défié l'ordre de quitter les rues et est venue en masse dans le centre-ville, attaquant lorsqu’ils le pouvaient des véhicules de police.

 

Subsiste la question, après que les blindés ont été accueillis à Alexandrie par les applaudissements de la foule, du rôle que pourrait tenir l’armée dans un hypothétique renversement du régime de Moubarak. En effet, la révolution en Tunisie, n’a été rendue possible que lorsque les forces armées ont sympathisé avec le peuple.

 

Quant aux Etats-Unis, ils ont pris conscience du risque qu’il y avait à être trop ouvertement du côté de M. Moubarak, l'un de leurs alliés les plus précieux du Moyen-Orient, bien que dictateur de facto. Le danger consisterait pour eux à voir des pays entiers se soulever, aidés par une armée acquise aux revendications populaires. Une armée qui nous est de plus en plus sympathique…

 

Capitaine Martin.

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